Dossier publié dans le numéro d'automne 2014 du magazine CITÉCOOP
Le Québec vieillit et les coopératives d’habitation n’échappent pas à cette réalité. Le phénomène y serait même amplifié, si l’on en croit les données de l’Enquête sur le profil socioéconomique des résidents de coopératives d’habitation de 2012. Alors que l’âge moyen de la population québécoise s’établit à 41,3 ans, la moyenne d’âge des membres des coopératives d’habitation serait de 54 ans.
Cette situation amène plusieurs coopératives, particulièrement les plus anciennes, à se questionner. On se demande comment on pourra concilier les valeurs de solidarité et les principes de participation à la base du modèle, alors qu’un nombre grandissant de membres locataires franchissent l’âge de la retraite.
Des coopératives craignent de se retrouver avec un nombre important de membres qui n’auront plus la capacité d’effectuer leurs tâches. L’enjeu est source de tension et de conflits potentiels. Certains aînés sentent qu’on veut les inciter à quitter leur coop. Des coopératives sont aussi tentées d’adopter des critères de sélection visant à rajeunir leur effectif.
Entre le risque d’ériger une forme de discrimination à l’égard des aînés et les craintes réelles des groupes de perdre leur capacité à assurer l’autogestion de leur entreprise collective, une réflexion et des discussions s’imposent.
Le droit au maintien des personnes vieillissantes dans leur milieu de vie, qui devient de plus en plus un sujet d’actualité et de préoccupation pour les associations de défense des aînés, doit aussi être reconnu par les coopératives d’habitation.
Le débat est lancé et les idées ne manquent pas. Le défi peut être relevé, mais pour y arriver plusieurs coops devront repenser leur conception de la participation et mettre à mal certains préjugés entretenus à l’égard des aînés.
À lire dans ce dossier
Entre les risques et les opportunités
Francine Noël, membre de la Coopérative La Marinière; Élimane Sy, conseiller en gestion de la FECHIMM et Jeanne-Hubert, membre de la Coopérative Retour à l’école s’attaquent à certains mythes entourant le phénomène du vieillissement de la population dans les coopératives d’habitation
Quand une crise s’avère bénéfique
L’exclusion comme membre, pour une période d’un mois, d’une aînée qui avait omis de se faire remplacer pour une corvée de peinture a été le déclencheur d’une petite crise qui a entraîné un vent de changement à la Coopérative Le Martinet, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.
Une coopérative d’aînées qui bourdonne d’activités
Avec 142 logements et des résidents dont la moyenne d’âge est de 70 ans, la Coopérative Émile-Nellingan du quartier Mercier n’est pas très représentative des coopératives regroupées à la FECHIMM.
De l’extérieur, l’immeuble construit en 2008 sous le programme Logement abordable Québec ne se distingue pas particulièrement des autres édifices à condos qui longent l’autoroute 25 dans le quartier Mercier. À l’intérieur cependant, un groupe composé essentiellement de femmes s’active au secrétariat de la coop destinée à des personnes autonomes de 55 ans et plus.