Sur la photo : Des membres locataires et Linda Van De Casteel, vice-présidente de de la Coopérative Le Martinet, lors d'une vente de garage festive visant à amasser des fonds pour le comité « Gardons nos aînés dans leur logement ».
L’exclusion comme membre, pour une période d’un mois, d’une aînée qui avait omis de se faire remplacer pour une corvée de peinture a été le déclencheur d’une petite crise qui a entraîné un vent de changement à la Coopérative Le Martinet, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. La coopérative est aujourd’hui mobilisée autour du projet visant à maintenir les aînés dans leur logement.
Pourtant, en juin, une inquiétude s'était répandue chez les personnes âgées de la coopérative, à la suite de cet événement, raconte la vice-présidente, Linda Van de Casteel. «Les gens se sont mis à se dire : moi, je ne peux plus faire telle ou telle tâche, alors ils vont me dire de m'en aller. Une dame était très fâchée, elle m'a dit : vous ne vous rendez pas compte, c'est un bouleversement pour nous, je n’en dors plus».
Cette peur qui gagnait la coop a amené le conseil d’administration du Martinet à remettre en question l’application rigide de ses critères en matière de participation pour tenir compte de la réalité du vieillissement, des limitations qu’elle provoque chez certains et de la volonté des personnes âgées de demeurer chez elles, dans le milieu où elles ont passé une bonne partie de leur vie et parfois même élevé leur famille.
Un comité dit «des petits services aux membres» qui était en dormance a été réorienté vers un projet visant à garder les aînés dans leurs logements. Différentes avenues sont explorées. Des collaborations avec des groupes de jeunes du quartier qui pourraient soutenir les membres vieillissants sont au coeur du projet qui veut aussi favoriser un échange intergénérationnel.
Les bases d’un projet pilote ont été présentées à l’assemblée générale des membres où, fait exceptionnel, le conseil d’administration a eu droit à des applaudissements. « Ce projet a donné un nouvel élan à la coop qui semblait en train de s'essouffler», dit la vice-présidente. «Toutes les générations confondues viennent me dire : moi aussi je peux faire quelque chose ! C’est très stimulant ».
Le relogement : Des situations délicates à gérer avec doigté
Quand Linda Van De Casteel est arrivée à la coopérative Le Martinet, elle a pu obtenir un logement 4 ½ pour elle et sa fille, parce qu’une aînée de la coopérative avait accepté d’être relogée dans un 3 1/2. Si la dame avait cédé son logement de bon cœur, elle a confessé plus tard à la nouvelle locataire, devenue une sorte d’aidante naturelle, sa difficulté à s’adapter à son nouvel environnement.
Cette façon de faire respecte parfaitement le règlement sur les conditions de location, mais constitue une décision inhumaine selon Élimane Sy, conseiller en gestion de la FECHIMM. « C’est un choc qui peut parfois être fatal pour ces personnes qu’on déracine de leur milieu, dit-il. Idéalement, les coopératives qui doivent s’y résoudre devraient pouvoir compter sur le soutien d’intervenants sociaux pour gérer des situations délicates comme celles-ci ».
Marie-Lise Bergeron, administratrice à la FECHIMM, croit aussi que beaucoup de stress et d’anxiété peuvent être associés à ce passage dans la vie de personnes vieillissantes. « Cette question doit être amenée en douceur, il faut faire ressortir les avantages de la nouvelle situation, rappeler à la personne qu'elle restera dans sa communauté et ne pas la brusquer. Même si ça prend une année de plus, il faut prendre ce temps pour faire un bel arrimage », pense-t-elle.
À la coopérative Le Martinet, où un comité s’intéresse aux alternatives permettant aux aînés de garder leur logement, la question fait l’objet d’une réflexion. L’idée de jumeler des locataires aînés avec des colocataires plus jeunes, dont des étudiants, est l’une des pistes envisagées. L’approche pourrait notamment contribuer à combattre la solitude qui est le lot de nombreux aînés, croit la vice-présidente de la coop.
Aînés et personnes à mobilité réduite : même combat !
La défenseure de l’accessibilité universelle à la FECHIMM, l’administratrice et membre de la Coopérative Station no 1, Marie-Lise Bergeron, voit de nombreux parallèles entre les besoins des personnes à mobilité réduite et ceux des aînés. « Dans les coops, on ne voit peut-être pas que plusieurs locataires sont en train de vivre des difficultés de plus en plus importantes à fonctionner à l'intérieur de leur logement. On pense souvent qu’on vient au monde avec un handicap, mais on peut aussi perdre certains sens en vieillissant ou à la suite d’un accident », dit-elle.
C’est pourquoi le comité des personnes à mobilité réduite qu’elle pilote au sein de sa coopérative est si important. « Les enjeux qu’il aborde touchent beaucoup de monde, dit-elle, puisque 33 % de la population québécoise souffre chaque année d’une forme de limitation selon l’Institut de la statistique du Québec.
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Une coopérative d’aînées qui bourdonne d’activités
Avec 142 logements et des résidents dont la moyenne d’âge est de 70 ans, la Coopérative Émile-Nellingan du quartier Mercier n’est pas très représentative des coopératives regroupées à la FECHIMM.
De l’extérieur, l’immeuble construit en 2008 sous le programme Logement abordable Québec ne se distingue pas particulièrement des autres édifices à condos qui longent l’autoroute 25 dans le quartier Mercier. À l’intérieur cependant, un groupe composé essentiellement de femmes s’active au secrétariat de la coop destinée à des personnes autonomes de 55 ans et plus.