Dossier Participation - Des problèmes aux causes multiples

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Les raisons expliquant le manque de participation dans les coopératives d’habitation sont multiples, et ces problèmes ne se règlent pas d’un coup de baguette. Dès la sélection, des erreurs peuvent être coûteuses. Le manque d’information et d’encadrement des nouveaux membres fait souvent le reste.

Les problèmes de participation que vivent certaines coopératives prennent souvent naissance dès l’étape du recrutement, selon le coordonnateur du soutien à la gestion de la FECHIMM, Elimane Sy. «Trop souvent, on recrute un locataire, car il faut combler le logement rapidement. Certaines coops ont oublié qu’il fallait recruter un leader coopératif ou quelqu’un d’engagé. Il est toujours difficile de faire participer une personne venue avec un esprit de locataire», dit-il.

Jeanne Lefebvre, coopérante et formatrice, pense aussi que les coopératives ont des responsabilités dans le bilan qu’elles dressent. Le manque d’encadrement des nouveaux membres contribue à la situation, croit-elle. «Les nouveaux, tu les fais venir, c’est sûr qu’ils sont enthousiastes. Puis là tu vas les blâmer : ils disent qu’ils vont participer et ne font rien. Mais leur as-tu expliqué les travaux ? Leur as-tu dit dans quel comité ils doivent s’impliquer?», questionne-t-elle.

Patricia M. Gagné, formatrice à la FECHIMM et présidente d’une coopérative d’habitation dans l’est de Montréal, va dans le même sens. «Ce n’est pas toujours évident, parce qu’on n’a pas clarifié ce qu’est la participation et souvent c’est à l’intérieur du contrat de membre qu’on précise les engagements du membre et de la coop, mais on ne prend pas le temps de le regarder et de l’expliquer», dit-elle.

Une mauvaise définition des attentes et des mandats est aussi en cause dans certains cas, selon Elimane Sy. «Parfois les gens parlent de participation sans définir les tâches. On peut bien créer toutes sortes de comités, si les tâches sont mal définies, tous ces comités se perdent et on dit qu’il n’y a pas de participation».

Vincent Brossard, formateur et membre d’une coopérative d’habitation du centre-ville, refuse d’être alarmiste sur le sujet, mais convient que la gestion de la participation n’est pas une mince affaire. «La participation, c’est un des aspects pour lequel nous avons le moins d’outils et qui est plus difficile à cerner, parce que nous parlons de relations entre humains, de mandats de gestion, de rapports parfois hiérarchiques, mais pas vraiment parce qu’on est dans un contexte égalitaire. Il y a plusieurs éléments qui se mélangent : des valeurs, des principes, l’intérêt individuel, l’intérêt collectif», explique-t-il.

Convaincu des vertus de la formation, Vincent Brossard ne promet toutefois pas de miracles. «Favoriser la participation est un travail de longue haleine. Non seulement il faut des outils, il faut aussi pouvoir mesurer certaines choses et travailler sur certains aspects, dont la communication. Il faut aussi rappeler ce qu’implique le choix de vivre en coop et comment on doit fonctionner. La solution ne vient pas de l’extérieur ou d’un livre, mais bien des membres de la coopérative», soutient-il.


Des efforts mal dirigés

Le coordonnateur du soutien à la gestion de la FECHIMM, Elimane Sy, est clairement partisan d’une réforme de notre conception de la participation. «La participation peut constituer jusqu’à 80 % de l’effort de gestion d’une coop et c’est 80 % de problèmes», dit-il.

La gestion de la participation aux tâches monopolise trop pour ce qu’elle rapporte, soutient-il. « Les coopératives se retrouvent aux prises avec des problèmes après quelques années par manque de planification. Pour planifier, il faut du temps. Si on se consacre surtout à régler des problèmes de participation et des conflits, on n’a pas ce temps».

L’entretien ménager lui apparait comme la principale source de conflits. Cette insistance sur les tâches ménagères tient peut-être d’une mauvaise compréhension de la participation, avance-t-il. «Dans une coop, bien des gens pensent : si je fais mon ménage, tout est correct. Pourtant ce n’est pas l’élément qui va rendre le projet pérenne».


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