Dossier Participation - 4 idées pour repenser la participation

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La participation dans votre coopérative ne fonctionne pas ? Un petit groupe de membres assument d’importantes responsabilités alors que la majorité s’implique peu? L’heure est peut-être venue de revoir vos façons de faire. Parmi les bonnes idées qui circulent dans le réseau pour favoriser la mobilisation des membres autour des objectifs communs que sont la saine gestion et la pérennité de votre coopérative, CITÉCOOP vous en propose quatre.


1. Revoir les priorités

Au lieu de se disputer autour de l’entretien des aires communes, les membres devraient se concentrer sur les responsabilités essentielles à la pérennité de leur coop, juge Elimane Sy. À cet effet, il espère que les changements récemment apportés à la Loi sur les coopératives en inciteront certaines à revoir leurs priorités.

«On impose aux coops de planifier, et non plus simplement de balayer. On parle maintenant de bilan de santé des immeubles, de budget sur 5 ans… Ça doit être géré de façon administrative». Les raisons d’agir sont d’autant plus importantes que l’intérêt des agences gouvernementales envers les bilans de santé immobiliers témoigne d’un échec des politiques d’entretien de plusieurs coops, soutient-il.

On devrait aussi se préoccuper de la gestion du secrétariat qui ne fonctionne pas dans bien des cas, ajoute-t-il, rappelant que dans la plupart des visites de conformité administrative faites par les agences gouvernementales, ce sont les aspects administratifs qui comptent le plus.


2. Améliorer le recrutement et l’encadrement des nouveaux membres

En matière de sélection, comme dans tout ce qui touche la gestion d’une coopérative, la planification est la clé du succès, selon Elimane Sy. «Ça veut dire définir le membre qu’on veut et lui trouver des tâches, car parfois on parle de participation sans définir les tâches», dit-il.

Vincent Brossard croit aussi à l’importance de définir le profil du candidat recherché et de résister à la tentation de choisir une connaissance. Il estime aussi qu’on aurait intérêt à réviser le questionnaire d’entrevue. «On a souvent des questionnaires plutôt straight avec des réponses connues d’avance où il est facile de se faire avoir», dit-il.

Le questionnaire est certainement une clé, convient Patricia M. Gagné, qui ajoute toutefois que «la gestion de l’engagement exige toujours un juste équilibre entre la prise en compte du droit au logement et la valorisation de l’engagement et de la participation qui donnent droit au rabais de membre.»

Pour favoriser cet engagement, Jeanne Lefebvre croit qu’il importe que le comité de sélection soit un comité permanent, jumelé peut-être avec celui du bon voisinage. Ce faisant, les coopératives seraient plus à même de faire un meilleur suivi en fonction de leurs orientations, croit-elle.

Pour favoriser l’intégration, le concept de mentorat devrait aussi être mis de l’avant, dit-elle. « Il serait utile que, pendant un bout de temps, le nouvel associé dans la coopérative puisse compter sur une personne de référence pour le soutenir, l’informer et l’aider à comprendre son cahier de membre.»

La difficulté de trouver le bon membre au moment opportun demeure tout de même, rappelle Patricia M. Gagné. «On dit souvent qu’on ne cherche pas un locataire, mais un membre. Nous avons tout de même des logements à louer. Il y a donc des questions de rentabilité financière associées à ça.»


En photos (de gauche à droite) : Patricia M. Gagné, formatrice à la FECHIMM et présidente d’une coopérative d’habitation dans l’est de Montréal; Vincent Brossard, formateur et membre d’une coopérative d’habitation du centre-ville, et Elimane Sy, coordonnateur du soutien à la gestion de la FECHIMM.


3. S’adapter à la réalité des grandes coopératives

« Nous sommes passés de coopératives d’habitation comptant moins de 30 logements à des ensembles immobiliers de plus de 80 logements depuis quelques années. La participation doit être redéfinie pour cette nouvelle forme de coopérative », explique Elimane Sy. À son avis, ces nouvelles coopératives doivent éviter l’irritant du passé qu’est l’entretien ménager. «Qu’est-ce qui se passe en Ontario et à New York avec les grosses coopératives ? Elles ont un service de conciergerie, dit-il.

Selon Vincent Brossard, la complexité des nouveaux bâtiments qui intègrent souvent des systèmes de ventilation mécanique milite en faveur du recours à des professionnels. Pour les travaux, l’emploi de membres locataires non qualifiés peut aussi s’avérer une solution plus coûteuse et moins efficace, plaide-t-il. La priorité dans ces nouvelles coopératives devrait plutôt être la participation des membres aux prises de décision, l’essence même du fonctionnement d’une coopérative, pense Vincent Brossard.

Pour Jeanne Lefebvre, ces grosses coopératives recèlent un immense potentiel. «Dans une grosse coop, il y a tellement de possibilités avec tous les talents qu’on peut réunir. Une fois la saine gestion assumée, on peut faire autre chose comme de l’aménagement paysager, un journal interne, un engagement citoyen», affirme-t-elle.


4. Valoriser l’engagement et cultiver le plaisir

« Il faut développer une culture de la reconnaissance de l’engagement dans nos coopératives », estime Patricia M. Gagné pour qui la valorisation passe par la reconnaissance.

L’ajout d’une «plus-value plaisir» à toutes les activités des coopératives devrait aussi être privilégié selon Vincent Brossard qui estime que la création d’un esprit de groupe et le sentiment d’appartenance s’obtiennent par le plaisir et non par le recours à la carotte et au bâton.

Elimane Sy croit aussi aux vertus du plaisir et de la valorisation comme leviers de participation. Pour y arriver, il est d’avis qu’il importe d’abord d’identifier les sources d’irritants dans la participation.


Les sanctions en question

Les coopératives devraient y penser à deux fois avant de miser sur les sanctions pour susciter la participation, estime Patricia M. Gagné. «Nous avons tendance à y recourir rapidement par de l’exclusion et des suspensions. Ça devrait être en dernier recours. » Une bonne politique de participation et un bon suivi devraient réduire le recours aux sanctions aux cas exceptionnels, juge-t-elle.

Vincent Brossard constate aussi que la pratique du bâton et de la carotte est courante dans les coopératives. Il met en garde contre un abus de sanctions, privilégiant plutôt un angle positif pour susciter la participation.

Pour Elimane Sy, «on ne peut établir une corrélation entre la suspension d’un membre et une participation accrue aux activités subséquentes». Son expérience lui a plutôt permis de voir des conflits qui ont dégénéré avec l’application de sanctions.


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