Pourquoi réclamer une politique en habitation?

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Cette demande pour une politique nationale en habitation ne date pas d’hier. Déjà en 2016, la Fédération en faisait l’une de ses principales recommandations dans son mémoire lors de la consultation du gouvernement du Québec sur ses interventions en matière d’habitation.

De fait, le logement est non seulement un besoin essentiel, mais il représente en outre un droit fondamental reconnu notamment à l’ONU dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1976) et au Canada dans le projet de loi C-97 adopté en 2019. Toutefois, le droit au logement n’apparaît pas dans la Charte québécoise des droits et libertés de la personne.


Notre invitation à la manifestation pour une politique nationale en habitation - Samedi 2 avril 13 h 30


En conséquence, le gouvernement du Québec a libre jeu, d’un budget à l’autre, d’intervenir directement pour réguler les conditions de logement ou bien de laisser le marché privé s’en occuper. Une politique en habitation imposerait au gouvernement de s’engager de façon permanente à assurer des conditions de logement de base comme c’est le cas pour la santé et l’éducation.

On l’affirme régulièrement : le logement, ce n’est pas que du logement. Plus qu’un toit pour se loger, le logement représente une solution à plusieurs problématiques sociales ainsi qu’un mode de prévention permettant à l’État de réaliser des économies considérables dans d’autres domaines. L’accès à un logement sûr, abordable et en bon état influe en effet sur l’alimentation, la santé physique et mentale – c’est d’ailleurs l’un des principaux déterminants de la santé –, l’éducation et la stabilité en emploi.

Et pensons aux coûts qu’entraîne le cas extrême de l’itinérance. Par ailleurs, la pandémie a mis en lumière que les mauvaises conditions de logement sont mises en cause en tant que facteur aggravant dans les cas de violence familiale.

En sous-finançant le secteur de l’habitation, en se défilant de ses responsabilités mêmes, le gouvernement maintient de nombreux ménages dans une situation précaire, source d’un stress intense et d’une détresse psychologique qui nuisent à la productivité des travailleurs et travailleuses, un enjeu pourtant si cher à ses yeux.

Parlant d’économie, le gouvernement devrait se montrer sensible à l’apport du logement social et communautaire. En effet, selon une étude commandée par la Société d’habitation du Québec en 2011, chaque dollar investi dans le développement du logement social et communautaire injecte 2,30 $ en activités économiques et crée de l’emploi à l’échelle locale pour de multiples professionnels et entreprises associés à la construction immobilière.

En matière de logement, les besoins sont multiples, et les solutions le sont aussi. L’apport des coopératives d’habitation, quant à elles, se traduit de plusieurs façons. En premier lieu, elles fournissent une réponse à des défis communs en créant des communautés fondées sur l’entraide et le partage. La pandémie a d’ailleurs mis en lumière cet aspect, et nous disposons de plusieurs témoignages selon lesquels la vie en coopérative a contribué à réduire l’isolement, notamment chez les aîné.e.s. Elles freinent en outre l’exode des familles vers la banlieue, offrant à celles-ci un milieu favorable pour élever des enfants.

Étant à possession continue, c’est-à-dire ne pouvant pas être revendues sur le marché privé, sauf exception, elles échappent à la spéculation qui gangrène le marché immobilier et peuvent ainsi maintenir des loyers respectant la capacité de payer des couches à revenus modestes. Elles offrent ainsi une solution durable aux problèmes vécus dans le marché privé, aux prises avec des hausses vertigineuses de loyer. Étant gérées collectivement par leurs membres, elles reposent sur la démocratie et la participation citoyenne.

Pour toutes ces raisons, la Fédération s’est jointe aux 500 organismes de divers horizons qui ont endossé la proposition de politique en habitation élaborée par le FRAPRU, politique qui réclame :

  • La reconnaissance du droit au logement et son inclusion dans la Charte québécoise des droits et libertés;
  • La protection des droits des locataires;
  • L’accroissement des logements sociaux et communautaires par un vaste chantier de 50 000 logements en cinq ans.

La Fédération exhorte donc le gouvernement à revoir sa vision et ses priorités. Soyons courageux en matière d’habitation. Le logement doit être considéré comme un projet de société et faire l’objet d’une politique nationale assortie des investissements à la hauteur des besoins criants pour un nombre grandissant de ménages. C’est la voie à suivre pour un Québec plus fort.


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