Budget du Québec

Pour un Québec plus fort, soyons courageux en matière d’habitation

Large reaction budget qc 2022

Le budget du ministre des Finances, Éric Girard, confirme les craintes qui circulaient depuis un bon moment déjà. Malgré les fortes hausses de loyers et la crise du logement qui sévit désormais dans toutes les régions du Québec, le gouvernement Legault se ferme les yeux et propose des solutions cosmétiques qui sont loin de répondre aux besoins de la population.

Ce ne sont pourtant pas les moyens qui manquent au gouvernement pour régler une fois pour toutes la crise du logement, puisqu’il dépensera 3,2 G$ pour sa mesure phare de verser 500 $ à chaque adulte gagnant 100 000 $ et moins.

Abandonner à leur sort les ménages locataires déjà étranglés par des loyers qui prennent la part du lion de leur budget n’est certainement pas la voie à suivre pour répondre au besoin fondamental de tous les Québécois.es de se loger décemment à un prix qui correspond à leur capacité de payer. À vrai dire, le gouvernement contribue plutôt à fragiliser encore davantage les ménages.

Alors qu’il prétend travailler pour rendre le Québec plus performant, le gouvernement adopte des stratégies qui vont à l’encontre même des objectifs qu’il vise. Ce faisant, il ignore l’apport de l’entrepreneuriat collectif et de l’économie sociale, alors que les coopératives d’habitation, entre autres, font la preuve, depuis 50 ans, qu’elles apportent des solutions innovantes en matière d’habitation en misant sur l’autogestion, la mixité et l’inclusion. Par ricochet, ceux qui y vivent y trouvent un milieu de vie où l’entraide, la valorisation des capacités et la démocratie façonnent leur quotidien.

En sous-finançant le secteur de l’habitation, en se défilant de ses responsabilités mêmes, le gouvernement maintient de nombreux ménages dans une situation précaire, source d’un stress intense et d’une détresse psychologique qui nuisent à la productivité des travailleurs, donc des entreprises, un enjeu pourtant si cher à ses yeux.

D’ailleurs, selon une étude réalisée en 2019 et commandée par l’Association canadienne de la paie, 46 % des répondants disaient consacrer 3,5 h par semaine à des questions financières. Pour être clair, le stress financier engendre des pertes importantes pour les entreprises. Toujours selon cette étude, « pour un organisme de 200 employés, les distractions au travail causées par le stress financier pourraient coûter 1000 $ par employé, soit un peu plus de 200 000 $ par année. » Et encore, cette étude a été réalisée avant la pandémie!

Avoir un toit décent ne devrait pas être un luxe. Se sentir en sécurité, être bien chez soi, est la base. Comme démontré précédemment, les enjeux actuels liés à la surchauffe immobilière sont nombreux et portent préjudice aux ménages québécois. Le contexte actuel force certainement une réflexion sur le rôle de l’État pour assurer un toit qui réponde aux besoins et à la capacité de payer des ménages.

Nous exhortons donc le gouvernement à revoir sa vision et ses priorités. Soyons courageux en matière d’habitation. Le logement doit être considéré comme un projet de société et faire l’objet d’une politique nationale assortie des investissements à la hauteur des besoins criants pour un nombre grandissant de ménages. C’est la voie à suivre pour un Québec plus fort.

Patrick Préville
Directeur général, Fédération de l’habitation coopérative du Québec