Portrait de coopérative d'habitation
Gilles Lauzon
7 août 2024Nous continuons nos rencontres de l’été en vous présentant la Coopérative d’habitation Gilles Lauzon
Nous sommes allés rencontrer Lise, Laurent et Maxime, membres de la coopérative située au 2328 rue Frontenac. Fondée en 1997 sous le nom de Coopérative Rouen-Frontenac, elle a été rebaptisée à la suite du décès de son ancien président du CA, Gilles Lauzon, en 2015. La coopérative est composée de deux bâtiments l’un à côté de l’autre : un triplex et un sixplex, pour un total de 9 logements.
Lyne, la dernière fondatrice habitant encore la coopérative, a transmis aux membres son histoire : avant que les bâtiments deviennent une coopérative d’habitation, ils avaient été légués par le propriétaire à son fils qui n’était malheureusement pas capable de s’occuper convenablement de la gestion des appartements. Une plainte collective avait donc été déposée à la ville par les locataires. À la suite de cette plainte, la ville a proposé aux voisins de débuter le processus pour devenir une coopérative d’habitation.
Gilles Lauzon, dont le nom a été donné à la coopérative, n’est pas un membre fondateur, mais il a habité à la coopérative depuis sa fondation et il réalisait la majorité des tâches. Au moment où il est tombé malade, il était déjà tard pour penser à partager et transférer les connaissances à d’autres membres. Laurent se rappelle qu’ils se sont retrouvés dans une position très délicate et instable au niveau de la répartition des compétences parmi les membres de la coopérative. Il conseille vivement aux coopératives, surtout aux plus petites, d’anticiper, de transmettre et de partager les connaissances et compétences. Gilles a terminé sa vie dans son appartement médicalisé, où il recevait régulièrement l’aide et la visite d’autres membres. Il est décédé à l’hôpital. La coopérative d’Habitation Rouen-Frontenac a été rebaptisée en son nom en 2016.
La coopérative d’habitation Gilles Lauzon souhaite cultiver la diversité parmi ses membres et c’est la toile artistique et créative qui les réunit. Maxime est comédien, comme Chloé, David et Audrée. Laurent travaille à l’Université de Montréal, dans le domaine de la culture et est musicien. Lise quant à elle, est enseignante en Arts pour des personnes neuro divergentes depuis plusieurs années. Plusieurs personnes sont également membres de la communauté LGBTQ+. Ils font attention à avoir un bon équilibre entre les hommes et les femmes pour assurer une mixité de leur environnement.
Dans cette coopérative de 9 logements et 12 personnes, l’investissement des membres est essentiel, c’est pourquoi tous les habitants sont membres et participent aux tâches à travers les différents comités. Ils se définissent comme une coopérative à échelle humaine et comme une famille. Par exemple, si un membre éprouve des problèmes de santé ou participe à un projet artistique à l’étranger, les comités font preuve de flexibilité. Laurent explique d’ailleurs que bien qu’il ait participé à la création d’une Coopérative d’habitation, dans le quartier du Village, il n’a pas souhaité y habiter, car elle compte quarante-neuf logements, ce qui rend les interactions bien moins personnelles.
Plusieurs projets sont en cours à la coopérative, le principal de cet été étant le début des travaux de rénovation des fondations du triplex. Suite à la fin de leur hypothèque en 2022, ils se sont lancés dans cet investissement nécessaire pour la pérennité de leur bâtisse. Ils terminent actuellement une demande de subvention sur laquelle Nancy travaille. Plusieurs membres font partie de plusieurs comités et en ce moment, le Comité Entretien est très sollicité. Au Comité Jardin, un financement a permis dans les dernières années de construire une terrasse pour permettre aux membres de se réunir dans leur espace vert à l’arrière de la coopérative. On peut également y trouver des bacs de végétation. Des fines herbes y ont été plantées faisant le bonheur des habitants gourmands. Lise est responsable du Comité Jardin. Laurent, pour sa part, est responsable du comité ‘’Bon Voisinage’’ qu’ils ont renommé Comité de Vie en Coopérative. Maxime, l’un des derniers arrivés à la coopérative, a rejoint le Comité Entretien.
Pour chercher de nouveaux membres lorsqu’un logement se libère, ils passent souvent par le bouche-à-oreille et publient sur leurs réseaux sociaux personnels, mais c’est surtout la richesse que les candidats peuvent apporter à la coop qui compte : les compétences, les valeurs, la personnalité. C’est ce qui a permis de reconstruire une coopérative pérenne après le décès de Gilles. Ils procèdent ainsi depuis quelques années seulement et ont appris aussi à mieux cibler leurs besoins lorsqu’ils sélectionnent les membres pour assurer un bon équilibre au sein de la coopérative.