Portrait de coopérative d'habitation

Anderson

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Pour le dernier portrait de coopérative de cet été, nous avons rencontré la Coopérative d’habitation Anderson. La Coop Anderson, située à Montréal, compte trois groupes de bâtiments situés sur les rues Anderson, de la Gauchetière Ouest et Jeanne-Mance à l’ouest du Quartier chinois, et regroupe un total de 18 logements. La Coopérative d’habitation Anderson a été fondée en 1988 par un groupe de locataires qui refusaient d’être évincés de leurs logements sur l’îlot Anderson. Elle a la particularité d’être composé de grands logements, avec 6 ½ ou 7 ½ pièces, ce qui est une rareté en coopérative.

Historiquement, ce secteur du Quartier chinois de Montréal s’est appelé Le petit Dublin ou Little Dublin après avoir été construit pour des immigrants irlandais qui y ont habité à partir des années 1880. On y trouve d’ailleurs la basilique Saint-Patrick, pas très loin. C’est devenu par la suite le quartier des imprimeurs et des journaux, un quartier surnommé Paper Hill. En sauvegardant leur logement dans les années 1980, les locataires de la Coopérative Anderson sauvegardaient aussi une partie du patrimoine bâti de ce quartier ouvrier.

Le Plan de développement du Quartier chinois adopté par l’administration municipale de Ville-Marie pour 2021-26 confirme l’extension à l’ouest des limites du Quartier chinois jusqu’à la rue de Bleury. La proximité de l’îlot Anderson avec les commerces et services de proximité en fait une extension naturelle du Quartier chinois. Aujourd’hui, toutefois, tout le quartier doit composer avec une recrudescence des problèmes liés à l’itinérance et à la criminalité et apprivoiser une cohabitation difficile.

La Coopérative a l’habitude de publier un bulletin mensuel qui informe ses membres de l’actualité locale et des décisions prises au Conseil d’administration qui se réunit tous les mois. On y trouve par exemple les dépenses approuvées au CA. Cette transparence existe depuis 1999, avec le lancement du bulletin, par Yvan Michaud, que nous avons rencontré. Ex-membre du CA, il vit à la coopérative depuis 27 ans avec son conjoint.

La Coop Anderson n’est pas propriétaire de ses bâtiments qui font partie du parc immobilier de la SHDM, la Société d’habitation et de développement de Montréal, avec qui la Coopérative détient un contrat de gérance. Lorsqu’il y a de gros travaux à faire, par exemple au-dessus de 5 000 $, c’est la SHDM qui s’en occupe et qui les finance. Les loyers sont augmentés selon les dépenses encourues en suivant les indices du Tribunal administratif du logement (TAL). Grâce à ses rabais-membres, la Coopérative offre des loyers largement en dessous de leur valeur au marché.

La Coop Anderson cherche aussi à s’impliquer plus à fond dans la vie de son quartier en appliquant le 7e principe du mouvement coopératif : l’engagement envers la communauté. En donnant son appui à la formation de l’Association des résident.e.s du Quartier chinois (ARQC), elle souhaite encourager les propriétaires et gestionnaires résidentiels, syndicats de copropriétaires et autres coopératives d’habitation exerçant leurs activités dans le Quartier chinois à se regrouper afin d’unir leurs forces.

À la Coopérative Anderson, les logements se libèrent rarement et les départs sont généralement liés à la perte d’autonomie d’un locataire vieillissant. C’est ainsi que suite au départ, il y a quelques mois, d’une personne qui habitait la coopérative depuis 35 ans, une nouvelle famille, composée de deux parents et de quatre enfants, a pu venir s’installer dans la Coopérative.

Il n’est pas si simple pour des familles de s’installer dans ce quartier. La cohabitation n’offre pas toujours un environnement très propice à l’épanouissement des enfants. Par exemple, il n’y a pas d’école à proximité, bien qu’il y ai plusieurs garderies. C’est pourtant ce que recherchent souvent les candidats qui se présentent aux journées portes ouvertes de la Coopérative lorsqu’un logement se libère et qu’ils envisagent d’établir leur famille au centre-ville.

Comme les membres de la Coopérative n’ont pas accès à une salle commune, ils organisent généralement leurs réunions et leurs assemblée générales dans l’un ou l’autre de leur appartement. Une fête d’hiver et une fête d’été, ainsi qu’une corvée pour repeindre leurs emblématiques escaliers extérieurs, viennent ponctuer la vie coopérative. Un passage permet d’accéder aux cours arrière des bâtiments de la Coop et de leur îlot urbain. C’est aussi dans ces espaces que les voisins se retrouvent à certaines occasions durant l’année.

Pour plus d’informations sur l’histoire de la Coopérative Anderson, consulter ce numéro spécial du Bulletin Anderson publié en février 2019.