Article publié dans l'édition d'automne 2021 du magazine CITÉCOOP - Volume 8, no 15
Par Jeanne Hubert, membre du comité aîné.e.s
À la rentrée d’automne, le comité aîné.e.s de la Fédération s’est penché sur les irritants pouvant survenir entre les générations à l’intérieur d’une coopérative d’habitation. Ceux qui ont retenu le plus notre attention concernent le droit d’occupation de son logement et le maintien à domicile. Plusieurs questions se sont imposées d’elles-mêmes, au fil des échanges, et méritent d’être partagées ici afin de susciter la réflexion.
Le principe de la mixité sociale est central à la mission des coopératives d’habitation. Il importe que le modèle soit inclusif et représentatif de la société, mais, sur le terrain, il devient parfois difficile à intégrer et à vivre.
Ainsi, les aîné.e.s, comme les plus jeunes, connaissent différentes réalités matérielles, et celles-ci changent au fil des années. Pour des membres à la retraite, ou plus âgés, il se peut que la situation financière ou physique se voie diminuée. Pour d’autres, par contre, la situation s’améliore. La légitimité de leur présence en milieu coopératif en vient parfois à être contestée. Est-ce qu’un.e membre a le droit d’améliorer son sort, trouver un meilleur emploi, un.e conjoint.e, des colocataires, voyager, sans renoncer à son statut ?
Force est de constater qu’il n’y a pas assez de logements coopératifs. Cela soulève donc le problème de l’occupation que plusieurs coopératives aimeraient maximiser afin de répondre à la demande. Il s’ensuit parfois des pressions faites sur les aîné.e.s pour qu’ils laissent la place à des familles. On aimerait les voir déménager dans des logements plus petits et parfois même quitter définitivement la coopérative quand leurs enfants ont laissé le nid familial.
Mais qu’en est-il alors du droit au maintien dans son logement ? Quitter son logement ou la coopérative peut représenter beaucoup de stress pour une personne plus âgée. Elle perd un milieu de vie, un réseau dans lequel se trouvent des personnes connues et souvent même des aidant.e.s. Par ailleurs, plusieurs désirent continuer d’habiter un appartement qui a été fortement investi, qui représente la sécurité et permet peut-être de garder les petits-enfants ou de prendre comme colocataire une personne qui est un appui sur différents plans.
De l’autre côté, revient souvent la question des membres fondateurs, ou de longue date, désirant avoir des droits acquis sur leur logement. Il semble y avoir une confusion quant aux droits et responsabilités qui viennent avec le statut de membre. Vivre en coop depuis de nombreuses années devrait-il donner des droits supplémentaires ? Par ailleurs, la somme d’investissements de certain.e.s, sur des décennies, ne demande-t-elle pas à être reconnue ?
Maintenant ces quelques irritants et questionnements identifiés, que pourrions-nous faire ?
Comment demeurer ouverts les uns envers les autres et partager l’expérience coop entre membres de réalités et d’âges différentes ?
Comment valoriser l’expérience et les luttes portées par les aîné.e.s ?
Ne pourrions-nous pas travailler ensemble pour exiger la mise en place de plus de coopératives de logements pour répondre aux besoins de toutes les générations ?
Quoi qu’il en soit, une meilleure communication intergénérationnelle est essentielle afin d’encourager l’ouverture nécessaire à la compréhension de la réalité de chacun.e. C’est certainement ce qui permettra l’émergence de pistes de solutions créatrices d’équité et des prises de décisions plus éclairées en vue du bien commun.
Si ces réflexions vous interpellent et que vous désirez vous engager, nous vous invitons à nous faire part de votre intérêt à diffusion@fechimm.coop.