Article publié dans l'édition d'automne 2022 du magazine CITÉCOOP - Volume 9, no 17
Plusieurs coopératives d’habitation se sont impliquées dans la réalisation de ruelles vertes à Montréal où l’on compte maintenant plus de 350 de ces ilots de fraicheur.
Signe que la contribution des coopératives d’habitation n’est plus à faire, l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et l'Alliance Ruelles bleues-vertes se sont intéressés à leur expérience dans le cadre d’un projet de recherche. Le but : tirer des enseignements pour favoriser le développement d’une nouvelle génération de ruelles bleues-vertes.
La coopérative L’Inattendue dans le quartier des Faubourgs a participé au projet de recherche mené pour le compte de l’INRS et de l’Alliance Ruelles bleues-vertes.
Plusieurs membres de la coop L’Inattendue ont contribué, à la fin des années 2000, à l’aménagement de la ruelle Larrivière. Certains d’entre eux ont d'ailleurs joué un rôle prépondérant dans le projet, mais la présidente de la coopérative, Dominique Allard, n’a pas connu cette époque.
C’est son amie, Marie Bourbeau, une résidente du quartier, gardienne bénévole autodésignée de la ruelle, qui peut témoigner du rôle joué par les membres de la coopérative dans la réalisation du projet.
Dominique Allard et Marie Bourbeau
C’est la coopérative qui est à l’origine du projet, ce sont les membres qui ont fait les démarches auprès de l’écoquartier pour créer la ruelle verte en 2008. Ç’a été plutôt facile, parce qu’il n’y a pas de propriétaires riverains qui ont des stationnements dans la ruelle. Ça fait une grosse différence , explique Marie.
Des travaux ont été réalisés en 2021 dans la ruelle pour mieux capter et retenir l’eau de pluie. On parle alors d’une ruelle bleue-verte.
Dominique Allard, arrivée à la coopérative en 2016, n’en apprécie pas moins la ruelle et la variété de plantes indigènes qui y poussent. On sent que c’est un ilot de fraicheur. Nous avons une grande cour et, quand on sort de notre coop, c’est comme si on avait un plus grand jardin. Il y a des gens qui ont planté des vignes, on peut manger du raisin , raconte-t-elle.
La présidente de la coopérative note également les effets positifs sur le plan de la sécurité. Ici, il y avait plein de gens qui venaient se piquer ou camper. Il y en a encore un peu, mais beaucoup moins, et il n’y a presque plus de déchets. La seule chose qui nous manque, c’est une boite pour disposer des aiguilles.
L’entretien de la ruelle
L’entretien de la ruelle est une problématique que je traite sans résultats, dit la citoyenne Marie Bourbeau. La ruelle, c’est entre la propriété privée et la propriété publique, on ne sait pas qui s’en occupe, mais ce n’est pas la Ville.
Si la ruelle est si belle, c’est que Marie, retraitée, l’a prise en main. Ici, si c’est bien entretenu, c’est parce que je m’en occupe. Tout le monde me demande : vous travaillez pour la Ville?, dit-elle.
Du côté de la coopérative, la participation des membres est maintenant ponctuelle. Pour agrémenter le parcours, Dominique a installé des masques qu’elle se fait voler, mais le grand héron offert par Laurent Loison, artiste et membre de la coopérative, est toujours bien en place.
Avec Dominique, on est allés chercher de l’argent à la Soupe locale Centre-Sud pour le restaurer. L’installation d’un banc a aussi été financée par la Soupe locale , raconte Marie, tout en arrachant de mauvaises herbes.
Quant à l’aménagement conférant le statut de ruelle bleue et verte à la ruelle Larrivière, les deux femmes saluent l’initiative, mais notent que tout n’est pas au point pour retenir toute l’eau de pluie qui tombe. Elles n’en chérissent pas moins ce passage si apaisant au cœur de la ville.
La contribution des coopératives à un projet de recherche
Léa Watrin, étudiante à HEC Montréal et chargée de projet
Le projet de recherche de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et de l'Alliance Ruelles bleues-vertes vise à mieux comprendre les incitatifs pour mettre en place des structures bleues-vertes ainsi que les motivations et blocages des citoyen.ne.s à s'impliquer dans la gestion durable de ces aménagements.
Pourquoi solliciter les coopératives? De notre perspective, on voit vraiment l'implantation de ce projet comme quelque chose qui est intrinsèquement coopératif , explique Léa Watrin, étudiante à HEC Montréal et chargée de projet. On voulait découvrir comment les coopératives d'habitation s’y prenaient pour travailler ensemble et coopérer à un tel projet.
L’idée est de tirer des enseignements pour favoriser la création d’une nouvelle génération de ruelles bleues et vertes permettant notamment d’éviter les inondations comme celles qui ont touché la région montréalaise en septembre.
En fait, toute cette eau de pluie qui n'est pas captée finit en eau grise dans les égouts. Donc, quand il y a de gros orages, ça inonde quoi qu'il arrive. L’idée avec les ruelles bleues-vertes est de mettre en place une structure qui intègre les eaux de pluie. Cette eau stockée dans le sol permet aussi de lutter contre la sécheresse en été, préservant ainsi les plantes et les arbres dans ces ilots de fraicheur.